Intelligence report 2021-2022

Report

L'espionnage et l'ingérence dans les institutions internationales en Belgique, telles que les institutions européennes et l'OTAN, sont souvent associés aux grandes puissances. La menace peut également provenir d’états régionaux disposant des ressources nécessaires. C'est ce que décrit la Sûreté de l’Etat (vsse.be) dans son Intelligence Report 2021-2022 en faisant référence à la récente couverture médiatique des activités d'ingérence au Parlement européen. Il s'agissait de la première affaire de cette ampleur jamais transmise par la VSSE aux autorités judiciaires belges dans ce cadre. Dans cette affaire, la police a effectué des perquisitions dans 16 lieux à Bruxelles le 9 décembre 2022. Quatre personnes ont été arrêtées et d'importantes sommes d'argent liquide ont été saisies.

La lutte contre l'ingérence fait partie des missions légales de la VSSE , il s’agit de tentatives d'influencer les processus décisionnels par des moyens illicites, trompeurs ou clandestins. L'ingérence est actuellement l'une des principales menaces contre la sécurité intérieure de notre pays, car elle peut mettre à rude épreuve nos institutions démocratiques et éroder davantage la confiance des citoyens dans le gouvernement et la démocratie.

La crise en Ukraine a contraint notre pays à expulser 21 espions russes. Leur liste de noms a été soigneusement examinée par la VSSE en collaboration avec ses partenaires militaires et discutée avec les Affaires étrangères. L'Union européenne a également expulsé 19 officiers de renseignement. L'opération d'expulsion russe est l'une des plus importantes depuis des décennies, tant pour notre pays que pour l'Union européenne. En novembre 2021, l'OTAN avait déjà expulsé huit diplomates russes, ce qui a poussé la Russie à fermer sa mission auprès de l'OTAN. Ces actions ont porté un coup sévère à la communauté du renseignement russe dans notre pays et ont constitué une déclaration claire de notre pays.

L’Intelligence report revient également sur les efforts continus de la Chine pour poursuivre le développement de ses intérêts dans notre pays par tous les moyens possibles. L'imbrication de nos activités économiques avec la Chine est considérable, y compris dans des secteurs stratégiques. Pour éviter qu’à l’avenir les investissements étrangers ne compromettent notre sécurité nationale, notre pays a mis au point un mécanisme de filtrage des investisseurs potentiels qui entrera en vigueur à l'été 2023.

Salad-bar idéologique et jeunes radicaux

Bien entendu, la VSSE reste également active dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et l'extrémisme. La menace croissante de l'extrémisme de droite qui va de pair avec l'extrémisme anti-establishment est un sujet que le service suit de près. L’aversion de « l’establishment » peut atteindre des proportions potentiellement violentes, comme l'a montré en 2022 le réseau des "doomsday preppers" qui se préparaient « à la fin de la société » telle que nous la connaissons et avaient stocké des armes et de munitions. 

Leur vision du monde est un salad-bar d’éléments extrémistes, d'extrémisme anti-gouvernemental, d’aversion de "l'establishment" comme les politiciens, les universitaires, la presse (les "main stream media"), de pensée conspirationniste. Ces dernières années, les néonazis "purs" sur le plan idéologique sont plutôt devenus l'exception dans ce milieu de "doomsday preppers".

La VSSE note également que la radicalisation touche de plus en plus les jeunes, un phénomène observable depuis le milieu de la dernière décennie. Comme pour l’aversion du gouvernement, le COVID a indéniablement joué un rôle d’accélérateur dans ce domaine.

Le rapport mentionne également le regain d'intérêt pour la criminalité organisée. Le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne, a déclaré : "Vu l'énorme croissance de ce phénomène, j'ai demandé à la Sûreté de l'État d'accorder une attention particulière à la criminalité organisée. La VSSE joue un rôle de soutien pour la justice et la police et entre en scène lorsque la criminalité devient subversive et menace le fonctionnement de notre État de droit démocratique. »

Un article du rapport est consacré aux deux opérations de rapatriement réussies d'enfants et de leurs mères des camps en Syrie.

Il aborde également l'impact de la guerre en Ukraine. La VSSE a débriefé la majeure partie de la quarantaine de combattants volontaires belges à leur retour. S'il n'est pas illégal pour les civils de se porter volontaires pour combattre en Ukraine, il incombe à la VSSE d'anticiper les menaces potentielles. Jusqu'à présent, il n'y a pas eu d'impact sur la sécurité dans notre pays en raison des « returnees ». La VSSE reste attentive à une toute petite minorité d'entre eux.

Pour mieux faire face à toutes ses tâches, la Sûreté de l’État connaît une croissance importante. Francisca Bostyn, administratrice générale a.i. de la VSSE : "Avec l'accroissement à 1000 personnes, nous serons encore mieux équipés pour faire face aux nombreux défis auxquels nous sommes confrontés, notamment en raison de notre position de service hôte des institutions européennes. Mais d'ores et déjà, nous pouvons dire que la VSSE est vraiment là, et je le dis en toute modestie. Avec nos partenaires nationaux et internationaux, nous avons abattu un travail gigantesque.'

Le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne : "Depuis le début de ce gouvernement, nous avons investi massivement dans le personnel et les ressources de la Sûreté de l'État. Ce rapport montre clairement que ces investissements portent leurs fruits. La VSSE a obtenu des résultats bluffant cette année. La plus grande enquête de corruption jamais menée au niveau européen. Des actions solides contre les espions étrangers et les extrémistes nationaux. Il est clair pour tout le monde et certainement pour nos partenaires internationaux que les services de renseignement belges sont bien mieux armés. Maintenant que le nouveau code pénal rend également punissables l'espionnage et l'ingérence étrangère, cela deviendra encore plus évident à l'avenir".